Je n’avais pas dix ans quand l’instituteur nous parla de cet infime morceau de France niché au cœur d’un continent aussi inaccessible qu’inhospitalier, l’Antarctique. Une évocation aussi brève que peu détaillée mais qui suffit pour que se gravent dans mon esprit des mots jusqu’alors inconnus tels que banquise, icebergs ou Terre Adélie ! Lorsque, quinze ans plus tard, à l’issue de mon contrat avec la Marine, les Expéditions Polaires Françaises m’offrirent de partir en hivernage comme radio, je cessai de croire au hasard. J’y séjournais 14 mois, puis 13 mois encore sept ans plus tard.

Une poignée d’hommes isolés vivant en vase clos tout au long d’un hiver interminable : ce qui pourrait ressembler à une « punition » se révéla être pour moi une parenthèse initiatique et un extraordinaire champ de découvertes… et de liberté. En témoignent ces images et un livre, « Terre Adélie, chroniques d’une année polaire », qui décrit un hivernage d’avant internet et d’avant la fonte des glaces… A l’époque, la grande majorité ignorait qu’un tel lieu existe… Sans doute n’avaient-ils pas écouté en classe !